
Depuis la nuit des temps, l’accouchement est une affaire de femmes. En Égypte, les hiéroglyphes ne nous apprennent pas grand-chose sur les méthodes utilisées, ils montrent toujours la parturiente entourée de femmes, accoucheuses et suivantes, sans que jamais n’apparaisse un homme.
En Grèce, la profession est réglementée : elle est réservée à des femmes mûres ne pouvant plus avoir d’enfants, mais ayant été mère plusieurs fois. Si les hommes sont exclus de l’accouchement, les médecins se sentent concernés. Hippocrate rédige un traité d’obstétrique concernant les problèmes de présentation du fœtus par le siège et la prématurité. Lorsqu’elles mettent au monde des enfants mal formés, ceux-ci sont généralement abandonnés. À Rome, la sage-femme place la parturiente sur une chaise obstétricale. Celle-ci accouche donc assise comme le préconise, au 1er siècle de notre ère, le grand obstétricien Soranos d’Éphèse. Le rôle des accoucheuses consiste en assistance morale, en fumigation et en massages favorisant l’expulsion du fœtus.
Au Moyen Âge, on ne se préoccupe guère des soins donnés aux femmes en couches. Les matrones se débrouillent comme elles peuvent. Parfois un chirurgien-barbier est appelé pour les cas désespérés où l’on pense que leur force physique peut résoudre les problèmes d’extraction du fœtus, mort ou vivant.
Au XVIe siècle, l’homme commence à s’introduire dans la chambre à coucher au moment de la naissance. Il devient du dernier chic de faire appel à un homme dans les milieux aristocratiques et bourgeois. François Mauriceau (1637-1709) ouvre la voie à l’obstétrique moderne en publiant des ouvrages de référence. Il œuvre aussi pour que les sages-femmes ne puissent exercer qu’après avoir reçu une formation.
En France, au XVIIIe siècle, les villes rémunèrent les sages-femmes afin de tenter d’enrayer la mortalité en couches, tant de la mère que de l’enfant. En même temps le siècle impose le recours au chirurgien (homme) dès que l’accouchement pose problème : il est le seul à utiliser les forceps (nouvellement inventé) et à pratiquer les césariennes. Jusqu’à l’aube du XXe siècle, nombre de pratiques magico-religieuses se maintiennent. Entre les deux guerres, les femmes prennent l’habitude de venir accoucher à l’hôpital. La maternité se transforme, avec l’accouchement s’adjoint la gynécologie et les consultations pré et post-accouchement.
Écrit par Pascale Girard