Métier ou profession d'ancêtre(s)

Textes publiés lors de la 1re édition du Concours "Mes ancêtres au bout de ma plume !" lors de la SNG 2023.
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Une histoire toujours présente. Plaque commémorative. Cette année L’Association des familles Gagné-Bellavance a voulu rendre hommage à Louis Gasnier dit Bellavance et Louise Picard.

Louis Gasnier dit Bellavance
Un ancêtre, un seigneur et son histoire !

Par Onil Gagné

Société de Généalogie de Québec, Société généalogique canadienne-française, Société d'histoire et de généalogie de Victoriaville, Association des familles Gagné-Bellavance d’Amérique inc. 

 

Louis est le fils de Pierre Gasnier et de Marguerite Rosée. Il naît le 28 janvier 1643, à Saint-Cosme-de-Vair. Il est le troisième enfant de la famille. Le père est boulanger, les enfants sont nés à Saint-Cosme-de-Vair, à Mamers et à Courcival.  Marguerite Rosée a donné naissance à 6 enfants : cinq sont nés en France et une fille, Marguerite, est née à leur arrivée en Nouvelle-France.

La famille de Pierre Gasnier et de Marguerite Rosée arrive à la fin juillet ou début du mois d’août 1653, sans connaître le nom du navire. Pierre Gasnier a un frère du nom de Louis, époux de Marie Michel, qui sont arrivés en Nouvelle-France en 1644.

 

Enregistrement au catalogue des immigrants :

PIERRE GASNIER43, Maine; obtient une terre en/ou avant 1656; inhumé le 1er mai 1656.
*ROSET, (ROSÉE) Marguerite, épouse du précédent 38, ne signe, Maine; veuve 1er mai 1656, elle épouse à Montréal le 17 juin 1657 Guillaume Estienne; vit encore en 1681. GASNIER, Louis, fils des précédents, sera dit Bellavance, 10, Maine;  épouse  4 oct. 1673  Louise Picard; inhumé 24 juin 16981 

Après sept ans de séparation, Pierre et Marguerite Rosée sont réunis à nouveau avec Louis Gasnier, son frère, Marie Michel et leur famille. Les deux familles partageront la même maison. En 1653, au mois d’août, la famille de Louis Gasnier compte cinq enfants : Louise, Marie, Pierre, Olivier et Louis fils. La famille de Pierre a trois enfants : Louis, Pierre et Nicolas.

 

Décès de Pierre Gasnier 1656

Pierre décède le 30 avril et est inhumé à Québec, le 1er mai 1656 au cimetière de la côte de la Montagne. « Il était âgé de 46 ans et laissait dans le deuil son épouse Marguerite Rosée âgée de 41 ans et ses enfants : Louis âgé de treize ans, Pierre âgé de onze ans, Nicolas âgé de cinq ans et Marguerite âgée de deux ans et huit mois »2.

Le même jour soit, le 1er mai 1656, il y a inventaire des biens de feu Pierre Gasnier. Dans les jours suivants, Marguerite Rosée quitte la côte de Beaupré pour Montréal avec ses fils Pierre et Nicolas et sa fille Marguerite. Louis demeure à Sainte-Anne-du-Petit-Cap chez son oncle Louis. La terre que Pierre exploitait est confiée en location à Louis d’Ailleboust.   

 

Au fil des événements

Le 2 février 1660, Louis habite à Sainte-Anne et il est confirmé à Château-Richer par Monseigneur de Laval.

En 1661, le Titre de concession de la terre de Pierre Gasnier à son fils Louis dit qu’il : « obtient du Gouverneur d’Argenson, procureur de la Compagnie de Beaupré, un titre de concession pour trois arpents du 18 février 1661 (ASQ, acte absent mentionné au censier de 1680) »3.

1663, Vente de terre par Louis Gasnier, fils de Pierre et Marguerite Rozée. « Le 23 avril 1663, Louis Gasnier âgé de 21 ans, habitant de la Côte-de-Beaupré, se présente devant le notaire Guillaume Audouart pour vendre la terre de feu son père située en la côte de Beaupré, au lieu appelé le Petit Cap : à Richard Dumesnil, écuyer et Nicolas Veydieu ».(Verdieux, Verieul)4

De 1663 à 1670, nous avons deux mentions : le recensement de Marcel Trudel en 1666, Louis est recensé avec sa mère, ses frères et sa sœur Marguerite à Montréal, il est âgé de 22 ans. En 1667, dans Benjamin Sulte, Louis est recensé avec sa mère et ses deux frères toujours à Montréal. 

Louis revient dans l’actualité en 1670, le Gouverneur Daniel Rémy de Courcelles accorde à Nicolas Gamache et Louis Gasnier, à chacun, un fief de 21 arpents de front à Cap-Saint-Ignace pour service rendu sans en spécifier la nature du travail. Louis est âgé de 27 ans et présent au pays depuis 17 ans.

 

Concession d’une seigneurie

Le 3 novembre 1672, Jean Talon Intendant de la Nouvelle-France accorde une seigneurie à Gamache et Belleavance. Dans l’acte de concession, nous avons l’information sur la description de cette concession 

« Salut scavoir faisons quen vertu du pouvoir a nous donné et concédé accordons donnons et concedons A Gamache et Belleavance Une demis lieüe de terre sur une lieüe de profondeur a prendre sur le fleuve St Laurent.».5

Le dernier paragraphe de cette concession se termine : « En temoing de quoy nous avons signe ces présentes et a Icelles fait apposer le cachet de nos armes, et contresigner de nostre secretaire A Québec ce 3 novembre 1672. Talon. Par Mondit seigneur Varnier ».6

Cette concession à Louis Gasnier sous le nom de Belleavance crée un problème. Le prénom de Gamache est absent, le nom de Gasnier est remplacé par Belleavance. L’acte de concession est signé par l’Intendant et le secrétaire sans faire mention de leur prénom.

 

Louis Gasnier au fort Katarakoui

Nous savons que Louis a travaillé pour le Gouverneur de Courcelles avant 1670, certainement son nom figurait parmi les personnes ayant travaillé pour l’administration de la Nouvelle-France.

En juin 1673, Louis Gasnier réalise un rêve ou un nouveau défi en accompagnant le Gouverneur Frontenac au fort Katarakoui, aujourd’hui Kingston. Il fait partie des 400 personnes qui vont faire le voyage et travailleront à la construction d’un fort. Ce voyage l’oblige à faire un testament, car une expédition d’une telle envergure peut présenter des dangers, car tout le trajet se fait sur l’eau et avec des portages.

Le nouveau Gouverneur Frontenac a besoin de bons canotiers pour ce trajet Québec-Kingston. Louis est âgé de 30 ans, il est au pays depuis 1653, il est un homme qui a acquis de l’expérience depuis son arrivée au pays. Cette expédition lui permet de mettre en valeur son savoir-faire.

 

Testament de Louis Gasnier

Louis Gasnier part en voyage et vient d’acquérir une seigneurie et possède des biens qui sont chez des amis et cousins. Ce testament va nous permettre de répondre à des questions ?

Le 3 juin 1673, Louis Gasnier se présente chez le notaire Pierre Duquet de Lachesnaye pour son testament et clarifier le nom, car avec l’attribution de la seigneurie sous le nom Belleavance sans en justifier cette Belleavance, cela crée un problème d’identité. Avait-il oublié son nom? Pourquoi remplacer Gasnier par Belleavance ?

Dans son testament, on fait mention qu’il a huit arpents de terre propre, c’est-à-dire prête pour ensemencer, et une habitation après trois ans de travail. Avec ces informations je me permets d’apporter une explication.

 

Le rythme du défrichement 

Au début de la colonie selon les recherches de Yvon Lacroix et du Père Le Jeune Jésuite, un censitaire : « Un homme peut, en une saison, nettoyer et mettre propre à la pioche un arpent de terre en bois debout et le rendre ainsi prêt à ensemencer pour le printemps ».7 « Il était possible de défricher, en  une saison un arpent et demi ».8 Le Père Le Jeune Jésuite en 1635 ajoute : « La tâche ordinaire de chaque homme, par an, est un arpent et demi, mais il ne faut pas qu’il soit diverti en d’autres choses »9

Après trois ans, un censitaire peut avoir de trois à quatre arpents et demi de terre nette.

Dans le testament de Louis Gasnier dit Bellavance, on mentionne huit arpents nets et une habitation après trois ans de travail soit de 1670 à 1672 ce qui représente deux arpents et demi par année, plus la construction de son habitation.

Son entourage voyant la somme de travail réalisé avec rapidité l’a sûrement qualifié de Belle avance mon Louis. Le mot « belle avance » a dû être répété à plusieurs reprises pour qu’on retienne ce nom au lieu de Gasnier. Nous n’avons pas de document historique pour le certifier. 

 

Mariage le Louis Gasnier dit Bellavance et Louise Picard

Le 4 septembre 1673, Louis Gasnier dit Bellavance et Louise Picard passent un contrat de mariage devant le notaire Paul Vachon. Le 4 octobre, on célèbre leur mariage en la paroisse Sainte-Anne-du-Petit-Cap. Louise Picard est la fille de Jean Picard, marchand bourgeois et de feu Marie Caron.  

 

Notre ancêtre Louise Picard

À peine âgée de neuf mois, Louise et sa mère Marie Caron et trois autres enfants sont enlevés par les indiens Hurons et Iroquois à Sainte-Anne-du-Petit-Cap, le 4 juin 1660. La nouvelle se rendit jusqu’à Québec. M. d’Argenson envoya une troupe de Français et d’Algonquins pour arrêter les maraudeurs à leur passage devant Québec. Au second jour près de Pointe-Lévis, il y a eu une décharge d’arquebuses et Marie Caron a été frappée d’une balle et elle est décédée le 9 juin à l’Hôtel-Dieu de Québec.   

Après le décès de sa mère, Louise sera confiée à sa grand-mère Renée Suronne épouse de Pierre Picard. Après leur mariage, le couple s’installe à Cap-Saint-Ignace où Louise donnera naissance à 11 enfants. Parmi les 11, cinq décéderont et six formeront une famille : trois garçons, trois filles.

 

La seigneurie Lafresnaye

Le 1er novembre 1689, devant le notaire Gilles Rageot, furent présents Nicolas Gamache et Louis Gasnier dit Bellavance de leur bon gré et volonté. Ils ont passé une convention partageant la seigneurie en parts égales soit 21 arpents qui leur avaient été concédés en  1672, par l’Intendant Jean Talon.

Louis Gasnier dit Bellavance a accordé deux concessions : une première à son cousin Pierre Gasnier en 1679 et une seconde à Jacques Jalbert en 1697. En 1675, Louis avait reçu du Gouverneur Frontenac 10 arpents supplémentaires. 

 

Décès de Louis

Louis est décédé à l’Hôtel-Dieu de Québec. Il est inhumé le 24 juin 1698 au cimetière de la paroisse Notre-Dame de Québec. Louis est un pionnier qui figurait au rang des premiers à posséder une seigneurie au Cap-Saint-Ignace en 1672. D’après l’abbé Ivanhoé Caron, Louis Gasnier dit Bellavance, seigneur de Lafresnaye, « avait accompli un beau travail et acquis une certaine aissance ».10

Après le décès de Louis, Louise Picard, tutrice, administre les biens et prépare l’inventaire qui aura lieu les 8 et 9 juillet 1699.

 

Remariage de Louise Picard

Le 10 juillet 1699, Louise Picard et Guillaume Lemieux passent un contrat de mariage devant le notaire François Genaple. Le 12 octobre 1699, au Cap-Saint-Ignace, on célèbre leur mariage, Louise quitte Cap-Saint-Ignace pour l’Ile-aux-Grues. Louise Picard décède le 7 et est inhumée le 8 mars 1717 à Berthier-sur-Mer. Elle assure le patronyme Lemieux par son fils Guillaume.

 

Patronyme Bellavance

Avec l’arrivée de plusieurs familles Gagné descendant de Louis Gasnier et de Marie Michel sur la rive sud du Saint-Laurent, surtout dans la région de Lévis vers 1775, quelques registres paroissiaux ont modifié le nom de Gasnier dit Bellavance, pour devenir Bellavance. À partir de cet évènement est apparu le patronyme Bellavance. Des origines du mariage de Louise Picard et Louis Gasnier dit Bellavance, ils nous ont légué deux patronymes : Gagné et Bellavance.

 


1. Marcel Trudel, Catalogue des immigrants 1632-1662, Collection Les Cahiers du Québec, 1983, p. 274.

2. Onil Gagné, Depuis le Perche jusqu’à Saint-Norbert-d’Arthabaska, 2011, p. 32.

3. Onil Gagné, op. cit., p. 33.

4. Onil Gagné, op. cit., p. 33.

5. Onil Gagné. Louis Gasnier dit Bellavance Sieur de Lafresnaye, 2003, p. 57-58.

6. Onil Gagné, op. cit., p. 57-58.

7. Yvon Lacroix, Les origines de La Prairie (1667-1697), Éditions Bellarmin 1981, p. 122,

8. Yvon Lacroix, op. cit.,  note de bas de page 122.

9. Richard, Jos.-Arthur, Cap-Saint-Ignace 1672-1970, 1970, p. 43

10. Richard, Jos.-Arthur, op. cit., p. 105.

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