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SEMAINE NATIONALE DE LA GÉNÉALOGIE
Du 18 au 25 novembre 2023                             

L'oncle des « États »

Noeud/Chaîne est une reproduction d'une aquarelle de Nicole Lajeunesse, mon épouse.

L'oncle des « États »

Jacques Cotnoir

Association des Familles Cotnoir/Cottenoir/Préville d'Amérique

 

Titre intriguant n'est-ce pas ? L'idée de cette chronique a germé dans ma tête suite à la lecture d'un article signé Léo-Paul Lauzon intitulé « Mon oncle des États » (Contes et comptes du prof Lauzon, novembre 1997). Je vous en cite un extrait :

« Quand j'étais p'tit cul, mon oncle Sam venait nous rendre visite chaque été dans son gros Chrysler. ll nous cassait les oreilles avec son merveilleux pays où tout le monde était riche, heureux et en santé. "Les States c'est le paradise on earth ma petite Léo" qu'il me disait. »

De la même façon, j'ai vécu, avec toute ma famille, la rencontre quasi annuelle d'un cousin de mon père en visite des « États ». Ce cousin avait pour nom Armand Davignon. ll conduisait toujours une Thunderbird de l'année et était toujours accompagné de l'une ou I'autre de ses sœurs. C'était l'occasion pour cette « visite » d'effectuer dans les jours suivants un pèlerinage à Sainte-Anne-de-Beaupré. 

Bien sûr tout se passait bien des années avant que je ne m'intéresse à la généalogie, mais depuis que je suis petit garçon le passé est comme un enfant que je tiens précautionneusement par la main. Qui étaient donc ces cousines et ce cousin originaires des États-Unis dont le patronyme était Davignon ?

En interrogeant la base de données des familles Cottenoire/ Cotnoir/Préville, le seul résultat pour Davignon concerne Marie Davignon qui a épousé Pierre Cotnoir en 1845. Toutefois tous leurs descendants ont ensuite utilisé le patronyme de Cottenoir ou Cotnoir. 

Je me suis alors tourné vers les bases de données américaines, soit les recensements disponibles via le logiciel de recherche de FamilySearch

Le patronyme "Davignon" associé au prénom du cousin de mon père, Armand, permet de localiser via le recensement américain de 1920 plusieurs individus dont les noms sont extrêmement utiles à ma recherche. Je découvre ainsi qu'Armand Davignon fait partie d'une famille de 10 personnes à cette époque et que le chef de famille est une femme: ELMIRE THÉROUX. Elle est veuve et âgée de 52 ans. Elle serait née au Canada en 1878. Or il s'avère que ce patronyme Théroux m'est très familier. J'y reviens sous peu. 

La famille d'Elmire Théroux comprend en 1920 9 enfants: Albert, né en 1896; Ernest, né en 1904; Marie, née en 1908; Ora née en 1905; Imelda, née en 1911; Armand, né en 1913; Oscar, né en 1915; et finalement Theresa, née en 1918. 

Étant veuve lors du recensement de 1920, c'est par celui de l'état du Rhode lsland que je découvre que le mari d'Elmire se nommait Ernest Davignon, décédé à l'âge de 40 ans et que tous les deux sont nés au Canada !

Revenons à Elmire. Le patronyme de Théroux m'est, comme je l’ai écrit, très familier puisque ma grand-mère paternelle s’appelait Mélina Théroux. Elle fut la première épouse de Joseph Cotnoir et la mère biologique de mon père, Dollard Cotnoir.  

J’ai poursuivi mes recherches, cette fois du côté canadien. En consultant le registre des mariages de Saint-David de Yamaska aux Archives nationales du Québec (BAnQ) je constate que pour le 28 août 1894 je retrace le certificat de mariage de Joseph Cotnoir et de Mélina Théroux, fille de Benjamin Théroux et de Elmire Fourquin dit Léveillé.  

registre de la paroisse Saint-David  de Yamaska (BANQ) pour l'année 1894
Registre de la paroisse Saint-David  de Yamaska (BANQ) pour l'année 1894

Lorsque je tourne la page, presque par inadvertance, je constate à ma grande surprise que ce jour-là il y a eu un second mariage à Saint-David de Yamaska impliquant la famille Théroux. Celui d'Elmire Théroux, fille mineure de Benjamin Théroux et d’Elmire Fourquin avec Ernest Davignon, originaire de Natick (Rhode Island). 

Cette Elmire Théroux n’est nulle autre que la sœur de ma grand-mère et également d'une autre autre fille de Benjamin Théroux et d’Elmire Fourquin, Amanda, née en 1864. Cette dernière avait elle aussi épousé en avril 1885, tout comme sa sœur Mélina, un membre de la famille Cotnoir, en l'occurrence George Henry Cottenoir.

Je n’ai toutefois pas encore réussi à retracer l'acte de naissance d’Elmire qui serait née en 1878 selon les données des recensements américains consultés. La famille aurait-elle « émigré » aux États-Unis à l'époque de la naissance d'Elmire pour ensuite revenir au Canada ? C’est tout à fait possible et même plausible. L’acte de mariage nous apprend que « Ernest Davignon, journalier, (est) fils mineur de Pierre Davignon et de Joséphine Lacelle de Natick, R.I. ». Le couple va éventuellement s'installer à Pawtucket, situé non loin de Natick...

Revenons maintenant à nos visiteurs américains. Lors du recensement américain de 1940, Elmire Théroux est identifiée sous le nom de Elvira Davignon, en tant que chef de famille. Elle n’a plus que cinq enfants adultes qui habitent avec elle : Claire, âgée de 30 ans; Imelda, 28 ans; Armand 26; Oscar, 25; et Theresa qui en a 22. Seule Maria, l'aînée, s'était mariée entretemps avec un dénommé Yelle.

Elmire Théroux-Davignon est décédée le 30 janvier 1941 à Pawtuckett, Rhode Island. Elle a été enterrée dans le cimetière Notre-Dame de cette ville. Cette région, nous l'avons visitée ma conjointe et moi après notre mariage en 1967. Lors de ce voyage, Nicole a même eu le privilège de recevoir de précieuses recettes écrites à la main de la part de Maria. Elle les garde depuis, je dirais, avec presque de la tendresse.

Lors du recensement américain de 1950, Armand Davignon vit maintenant au domicile de sa sœur Theresa, mariée à Émile Audette. Ce couple a alors deux fils: Richard et Joseph. 

Même si « le cousin américain », Armand, possédait une luxueuse Thunderbird, je n'ai jamais constaté quelque manifestation déplaisante de sa part à l'instar de « l'oncle américain » du prof Lauzon. Malheureusement, le temps a fait son œuvre. Mes parents sont décédés de même que tous ces cousines et cousins américains. Pour ma part, je n’ai pas fini d’explorer la filière « Théroux ». Il y a dans mes souvenirs de jeunesse cette autre famille de huit enfants dont sept d'entre eux étaient « entrés en religion », comme on disait à l'époque. Cinq filles s'étaient jointes à la congrégation des Sœurs Hospitalières de l'Hôtel-Dieu de Montréal. Deux garçons sont devenus prêtres, membres de la communauté des Pères du Saint-Sacrement. Un seul, Émile, est demeuré laïque. Il travaillait dans la même avionnerie que mon père pendant la Seconde Guerre mondiale. Et puis il y a également cette célébrité de la famille, Agénor Théroux, plus âgé celui-là, fils de Benjamin Théroux, et frère des sœurs Théroux dont je viens de vous entretenir. Il était prêtre et chanoine de son état.... Le temps file... Je vais devoir recourir aux archives familiales pour la suite.  

Vous me suivez peut-être ? Il est fascinant de constater l'impact de l'étude généalogique sur la personnalité de femmes et d'hommes d'aujourd'hui. Il faut être concerné par le passé. Cette aquarelle de Nicole Lajeunesse-Cotnoir, ma conjointe, qui accompagne ce texte, l'exprime bien. Comme les maillons façonnés à la main de cette chaîne, notre lignée a vieilli en harmonie. Chaque pigment de couleur est riche et se fond dans les autres en un puissant sentiment de force et de respect.

Je constate que notre base de données généalogiques aurait besoin d’être mise à jour pour ce qui est entre autres du patronyme Théroux. Vos suggestions seraient fort bienvenues.  

 


Consultez : cotnoir.net/genealog

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