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SEMAINE NATIONALE DE LA GÉNÉALOGIE
Du 18 au 25 novembre 2023                             

Une découverte qui a comblé nos vies

Une découverte qui a comblé nos vies

Suzanne R

L'Association des familles Riou et Rioux d'Amérique

 

Très proche de ma mère, elle a demeuré avec moi quelques années avant de décéder le 1er août 2012 à 94 ans et 11 mois. Les dernières semaines de sa vie, lorsque nous avions des discussions, il lui arrivait de pencher la tête comme pour voir derrière moi et disait : « Papa ? ». Je lui demandais : « tu vois ton père ? ». Elle ne répondait pas.

Ma mère a été privée de son père dès l’âge de 5 ans en 1922 et il lui a toujours énormément manqué.

La nuit de son décès, j’étais près d’elle et elle était sous sédation de fin de vie. Tout à coup, elle a souri difficilement, elle a levé le bras devant elle, entrouvert légèrement les yeux (le bleu de ses yeux était beaucoup plus prononcé).

J’ai pensé qu’elle se réveillait, j’ai eu peur qu’elle souffre alors j’ai couru au bureau des infirmières pour avertir.

Revenue à la chambre, elle était à nouveau inerte et j’assistai à son dernier souffle peu de temps après.

Son père est venu la chercher... J’en fus témoin privilégié.

 

Quelques années auparavant en 2002, ma mère m’avait confié que son père les avait quittés en 1922, elle, sa mère et ses trois sœurs, la famille habitait au Nouveau-Brunswick. Il était parti avec une aidante de la famille âgée de 16 ans (lui en avait 37) enceinte de lui. Ils ont fui en Gaspésie le père de la jeune fille ayant porté plainte. Je fus surprise de cette révélation puisque dans ma famille circulait l’information que ce père absent était supposément parti pour les États-Unis et n’avait plus donné signe de vie. On appelait ma grand-mère la veuve Boudreau. À cette époque avec l’aide d’une amie et d’internet j’avais commencé à m’intéresser à la généalogie de ma famille, intérêt qui ne m’a jamais quitté. J’ai retracé les noms de mes arrière-grands-parents Boudreau du Nouveau-Brunswick et Gillis de L’Île du Prince-Édouard et même le nom du bateau par lequel mes ancêtres sont partis d’Écosse pour L’Île-du-Prince-Édouard.

Avec les informations généalogiques dont les parents de mon grand-père, sa date de naissance et avec les informations fournies par ma mère dont entre autres le nom de la deuxième femme de mon grand-père, je suis partie à sa recherche au Nouveau-Brunswick. Près de Petit-Rocher une pancarte devant une maison avec une annonce de recherche généalogique attire mon attention1. J’y entre et je fais part à la propriétaire des lieux de ma recherche de mon grand-père et avec le peu d’informations que je possède elle trouve un couple qui correspond à ma recherche, elle me donne des noms de garçons et de filles de ce grand-père et de sa femme. Je lui dis qu’elle fait erreur, car ma grand-mère n’a pas eu de garçon seulement des filles. Néanmoins, elle est certaine de ce qu’elle avance et me donne le nom d’une de leur fille qui s’est mariée à Campbellton2. Elle me suggère de passer au presbytère de cet endroit voir le nom des parents indiqués sur le certificat de mariage. À cette époque les filles se mariaient dans la ville de leurs parents donc il y a une possibilité que mon grand-père y soit enterré. Après la visite au presbytère, j’ai arpenté le cimetière3 et j’ai cru trouver l’épitaphe de mon grand-père avec son nom, mais le prénom était légèrement différent, avec les années de naissance et de décès. J’ai reconnu aussi le nom de sa deuxième femme que ma mère m’avait fournie, par contre son prénom était aussi différent. Je suis retournée au presbytère, car je devais me faire confirmer que c’était bien mon grand-père. Malheureusement, l’acte de décès n’indiquait pas le nom de ses parents, mais on m'a invité à aller au salon funéraire, où peut-être j’y trouverais l’information qui confirmerait le tout4. En effet, c’est à cet endroit qu’avec le nom de ses parents indiqués sur l’acte de décès il s’est avéré que c’était bien LUI. J’en suis presque tombée à la renverse.

Le bouquet de fleurs déposé sur l’épitaphe au cimetière étant assez récent, je décide de pousser plus loin mes recherches pour retrouver les demi-frères et demi-sœurs de ma mère. En possession du nom de leur fille mariée à cet endroit et le nom de son mari et avec l’aide du bottin téléphonique j’ai rejoint celle dont j’avais trouvé l’acte de mariage un peu plus tôt. Je me présente en lui disant que son père est mon grand-père et que ma mère est la fille de sa première femme, elle me répond qu’elle est un petit peu au courant.

Avec gentillesse elle accepte de me rencontrer5. À ses côtés se trouve aussi son garçon en visite chez elle et qui a été mis au courant de la double vie de son grand-père maternel juste avant mon arrivée.

 

J’ai rapporté à ma mère une photo de son père et l’histoire de sa vie avec sa deuxième famille. Peu de temps après, elle s’est empressée d’aller rencontrer ses frères et sœurs qui avaient le même père qu’elle. Elle s’est attachée à chacun d’eux et les aimait beaucoup.

Durant mes recherches au Nouveau-Brunswick, les obstacles rencontrés me donnaient envie d'abandonner, mais une force intérieure me poussait à continuer.

Je n’ai pas réussi toute seule, j’ai été aidé... par LUI, mon grand-père maternel; peut-être voulait-il qu’enfin tous soient réunis.

Moi qui n’avais pas eu d’oncle maternel, j’en découvrais deux et quatre nouvelles tantes (une tante et un oncle sont décédés avant mes recherches).

J’ai été estomaquée d’apprendre que le nom de la mère sur leur baptistaire était le nom de ma grand-mère. Lorsque mon grand-père se présentait pour le baptême, il avait en main le certificat de mariage à son nom à lui et au nom de sa femme, ma grand-mère. La deuxième femme illégitime de mon grand-père a eu 8 enfants et aucun ne porte son nom. Ma grand-mère a eu quatre filles, dont ma mère, mais sur le papier son nom apparait pour les demi-frères et demi-sœurs de ma mère. À cette époque, l’église aurait refusé de baptiser les enfants nés hors mariage. Lorsque les enfants demandaient à leur mère qu’elle était ce nom sur leur baptistaire, elle répondait : « c’est la première femme de votre père ». J’ai transmis mes découvertes à la dame de Petit-Rocher qui m’a aidé à retrouver mon grand-père et elle en a fait mention dans ses registres.

J’ai aussi appris que mon grand-père et un de ses garçons étaient retournés au Nouveau-Brunswick pour savoir ce qu’il était advenu de sa première famille. Ma grand-mère et ses filles étaient parties s’établir dans une autre province.

Tous les étés, nous avons visité ces oncles et tantes que nous avons immédiatement aimés. Nous avons surtout appris à connaître et à aimer ce grand-père à qui ma mère ressemble beaucoup, un beau blond aux yeux bleus.

Ma mère est enterrée au côté de son père au Nouveau-Brunswick, c’était son souhait le plus cher.

 

Suzanne fille d’Antoinette à Bella Gillis et à Henri Charles Boudreau

 


Sources

1. Rosaline Guitard, généalogiste et autrice de Petit-Rocher au Nouveau-Brunswick

3. Cimetière Notre-Dame-des-neige où je crois avoir trouvé la pierre tombale de mon grand-père.

2. Église de Notre-Dame-des-Neiges Campbellton (NB), acte de mariage (Béatrice Imelda Boudreau mariée à Allen Doucet)

4. Avis de décès d'Henri-Charles Boudreau, Maison funéraire Maher, Campbellton (NB)

5. Sources familiales : Imelda Boudreau

 

Certificate of Baptism (Henri Charles Boudreau) Diocèse de Bathurst, Cathédrale du Sacré-Coeur, Case Postale 390 Bathurst, NB E2A 3Z3 (Avec Note du Mariage avec Isabella Gillis le 26 Septembre 1910)

Pierre tombale à Drummondville d'Ann Isabella GILLIS (1883-1964) et ses filles Evelyn Boudreau (1921-2003) et Catherine Boudreau (1923-2009)

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