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SEMAINE NATIONALE DE LA GÉNÉALOGIE
Du 18 au 25 novembre 2023                             

Un déménagement peu ordinaire

Coupure de journal La Nouvelle

Bonjour,
Je viens vous partager cette histoire très spéciale qu’un de mes ancêtres a vécue en 1884.

Un déménagement peu ordinaire

Laurent Turgeon

 

Je vous raconte ce fait vécu, comme si je le racontais à mes petits-enfants, car je suis un grand-père de 79 ans.

Cette histoire se déroula dans la belle région des Cantons de l’Est à Rock Forest près de Sherbrooke.

Un jour, quand j’étais jeune, vers neuf ans, mes parents m’ont raconté ce fait vécu, lors d’une visite chez grand-père Émile Turgeon. Il demeurait sur le bord de la rivière Magog près du coin du boulevard de l’Université et de la rue Albéric-Dussault. À cette époque, c’était complètement dans la campagne à quelques kilomètres du village de Rock Forest, maintenant ça se situe dans l’arrondissement de la ville de Sherbrooke.

Mes parents m’expliquèrent qu’il y a très longtemps, vers 1884, le père de mon grand-père Émile qui s’appelait Jacques demeurait à 2 kilomètres plus loin vers le village de Rock Forest, c’est-à-dire en amont de la rivière Magog.

Il n’était pas satisfait de sa terre agricole et il chercha pour en trouver une autre à environ 2 kilomètres plus bas, c’est-à-dire en aval. Plus tard, mon grand-père construisit sa propre maison près de ce nouvel endroit. Cette maison existe toujours et je vous en reparlerai plus loin.

À cette époque, déménager devenait très compliqué puisqu’il n’y avait pas de camion de déménagement. Seulement des charrettes tirées par des chevaux comme celles dans les films de cowboys. De plus, le chemin était peu carrossable, plein d’ornières.

Je m’imagine qu’il s’est dit : pourquoi se compliquer la vie à faire des boites ?! 

Il pensa à une autre solution des plus surprenante. 

Devinez. La rivière coulait juste en face de sa maison. Donc utiliser la rivière Magog c’était beaucoup plus large. Il fallait y penser, mais… cette solution n’était pas une mince affaire, une maison ce n’est pas un bateau. Comme solution, il devait construire un grand radeau.

Oui, un gros radeau pour y déposer sa maison. Un peu plus bas, vous pouvez voir une photo prise après le déménagement de cette maison. Nous y voyons Jacques et son épouse Mathilde Gagné accompagnés de personnes qui pourraient être leurs enfants.  

En 1884, cette idée semble un peu farfelue. 

Mes parents m’expliquèrent qu’il utilisa des barils de chêne et y attacha une plateforme de bois pour y déposer sa maison.

Après avoir soulevé la maison, il la fit glisser sur des billes de bois. Dans ce temps-là, il n’y avait pas de tracteurs pour tirer ni pousser. C’est avec des chevaux, des palans et des leviers qu’on réussit à monter la maison sur le radeau. Ce ne fut pas une mince affaire. 

Ensuite, on la laissa descendre par le courant pour parcourir environ 2 kilomètres. Il n’avait pas besoin de moteur seulement de la guider pour qu’elle ne s’échoue pas. Je m’imagine qu’il doit avoir eu quelques sueurs de temps en temps.

Une fois rendu à destination, on la sortit du radeau de la même manière qu’on l’avait fait descendre sur le radeau. Cet endroit se situait près de la maison où vivait mon grand-père.

J’ai demandé à mes parents si cet arrière-grand-père avait été marin avant. Bien non, il était cultivateur, mais avec des dons de navigateur.

Cet ancêtre avait plein de trucs dans la tête pour relever un défi de cette ampleur. Également du courage et un peu de témérité.

Cet évènement était si unique qu’on avait pris la photo dont je te parlais plus haut.

Sous cette photo se trouve le titre : Un déménagement peu ordinaire. [cf : Image de Une]

On mentionne où était cette maison flottante, comment on l’a déménagé. On parle du Chemin Drummond qui correspond aujourd’hui au boulevard de l’Université. Aussi, on y voit les noms de mes ancêtres et la date de l’évènement.

Cet endroit se trouve près du lieu où on visitait mon grand-père Émile. En passant, la maison de mon grand-père où mon père est né existe encore sur la rue mentionnée au début du texte.

Je t’explique d’où vient cette photo de 1884 ou 1885. 

En 2001, lors d’une visite dans ma famille, on me montra un journal de Rock Forest : LA NOUVELLE, avec un cahier souvenir de cette ville devenue un arrondissement de Sherbrooke.

À ma grande surprise, ce cahier contenait cette photo qui illustrait cet évènement avec un texte mentionnant les noms de mon arrière-grand-père et de mon arrière-grand-mère Mathilde Gagné. 

photocopie de l’acte de mariage, daté de 1904, de mon grand-père Émile et de son épouse Virginie DeschenesJ’étais certain du lien de parenté, car auparavant, j’avais fait ma généalogie à la Société de généalogie de Lanaudière à Joliette. 

Dans mes recherches, j’ai également retrouvé une photocopie de l’acte de mariage, daté de 1904, de mon grand-père Émile et de son épouse Virginie Deschenes. Il y apparaît leurs noms ainsi que la signature de Jacques Turgeon comme père et témoin. Oui, la signature de mon arrière-grand-père légendaire. 

Pour moi, je le voyais comme un héros. Lorsque je rencontrais des difficultés, je pensais à lui et je me devais de trouver des solutions et persévérer.

Au sujet de la photo, j’ai effectué des recherches également. Je l’ai retrouvée dans l’album du centenaire de la paroisse Saint-Roch de Rock Forest qui se trouve dans les archives du musée d’histoire de Sherbrooke.

Je conclus que cette photo et son texte correspondent à l’histoire que m’avaient racontée mes parents. 

Un jour, j’irai vous (à mes petits enfants) montrer la maison de mon grand-père Émile, le fils de Jacques. Cette maison existe encore, toujours située près de la rivière Magog tout près de celle qui avait été déménagée et qui, malheureusement, n’existe plus. 

C’est Émile qui a construit sa propre maison. Mon père René y est né et y passa son enfance. 

Je vous montre deux photos de cette maison : une vue aérienne qui date des années 1950 et une photo actuelle. J’ai remarqué qu’une annexe à l’arrière ressemble beaucoup à celle de Jacques. Je me demande si ce n’est pas celle-ci ?

C’est une autre histoire à découvrir…

 

Grâce à mes recherches en généalogie, j’ai pu reconstituer une partie de l’histoire de notre famille Turgeon que je vous transmets. 

Ce fut une source de fiertés d’avoir un ancêtre comme Jacques Turgeon.

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